Les 5 innovations qui révolutionnent le secteur bancaire en 2023
L'innovation joue depuis plusieurs années un rôle moteur dans le développement du secteur bancaire. Les progrès technologiques les plus récents ont apporté des changements majeurs dans la façon dont les banques opèrent, interagissent avec leurs clients, gèrent leurs risques et développent de nouveaux produits et services. À ce titre, la crise sanitaire a représenté un accélérateur grâce à la digitalisation massive des usages.
Mais le secteur bancaire doit également adapter son activité et ses produits aux évolutions sociétales, que ce soit l’impact du changement climatique ou les attentes des nouvelles générations. De nouveaux pans de l’industrie se créent et de nombreuses fintechs émergent, rebattant ainsi les cartes d’un secteur qui était jusqu’alors dominé par les grands groupes traditionnels.
Dans cet article, Youdge vous propose de découvrir les 5 grandes tendances qui vont porter l’innovation dans le secteur bancaire en 2023.
Le recours aux technologies numériques, à l’intelligence artificielle et au big data s’intensifie
Le recours intensif aux technologies numériques représente un des vecteurs d’innovation les plus importants dans le secteur bancaire. L’année 2023 a été marquée par le lancement du logiciel d’intelligence artificielle Chat GPT, qui a fait prendre conscience au grand public de la richesse des possibilités offertes par cette technologie. L’industrie bancaire est un des secteurs les plus en pointe dans le déploiement de l’intelligence artificielle et cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir.
Bots conversationnels et IA d’automatisation bancaire
Ces technologies sont déjà largement déployées pour automatiser certaines fonctions et ainsi améliorer l'expérience utilisateur et l’efficacité opérationnelle. L’utilisation la plus connue et la plus visible se retrouve dans le déploiement des chatbots (agents virtuels utilisant l’intelligence artificielle).
Ces derniers permettent aux banques de proposer une assistance en temps réel à leurs clients et de répondre 24h/24 aux questions et aux problèmes les plus courants. Les banques peuvent ainsi automatiser les tâches les plus répétitives et concentrer leurs ressources humaines sur des fonctions à plus forte valeur ajoutée.
Au cours des prochaines années, l’intelligence artificielle devrait se déployer dans d’autres domaines. Des solutions sont notamment en cours de développement pour améliorer la prise de décision des gestionnaires d’actifs. Les robots-traders existent déjà depuis longtemps et il s’agit aujourd’hui de tirer parti de l’intelligence artificielle pour améliorer les stratégies d’investissement et identifier plus facilement des opportunités d’investissement.
Des outils basés sur le machine learning pourraient également permettre d’accélérer la durée de traitement des demandes de crédit. L’intelligence artificielle pourra notamment faciliter l’analyse des données des demandeurs et évaluer plus rapidement et plus précisément leur solvabilité.
Adaptation des produits et renforcement de la gestion des risques
L’intelligence artificielle et le big data promettent aux banques de mieux comprendre les comportements et les besoins des clients en analysant de grandes quantités de données. Elles pourront ainsi proposer des offres personnalisées et des recommandations de produits adaptées à chaque client en fonction de leur profil. A ce titre, la diffusion de l’open banking laisse envisager un fort développement de ces pratiques.
Ces technologies pourront également être très utiles pour prévenir les risques de fraude. Les banques développent déjà des outils pour détecter plus rapidement et à plus grande échelle des activités suspectes, qu’il s’agisse de transactions frauduleuses par carte bancaire ou d’opérations bancaires non réglementaires.
La collecte de données et leur traitement par des logiciels d’intelligence artificielle pourront également aider les banques à renforcer leur gestion des risques. Ce domaine est crucial pour le secteur car les banques sont exposées à de nombreux risques liés aux crédits qu’elles accordent, à leurs activités de marché, à leurs partenaires financiers, etc. Le secteur bancaire dans son ensemble s’investit fortement dans le développement d’outils qui permettront de prédire plus finement le comportement des clients, des partenaires et des marchés pour renforcer la gestion des risques des banques.
Les technologies blockchain font émerger de nouvelles solutions
L’engouement pour les applications basées sur la blockchain constitue un bouleversement pour le secteur bancaire. Si une partie des solutions développées grâce à ces technologies se veulent être des alternatives – et donc des concurrentes – au secteur bancaire traditionnel, les grands acteurs cherchent également à en tirer parti pour développer de nouveaux produits et renforcer leur efficacité opérationnelle.
La tokenisation des actifs ouvre de nouveaux horizons pour le secteur bancaire traditionnel
Le terme de blockchain désigne une technologie de stockage et de transmission d'informations de manière décentralisée, sécurisée et transparente. Son application la plus connue du grand public est le Bitcoin, la monnaie numérique créée en 2009, mais il existe aujourd’hui de nombreux autres protocoles qui l'utilisent dans des domaines aussi variés que les services financiers, l’immobilier, l’assurance, la santé, etc.
Les principaux atouts de la blockchain résident dans le fait qu’elle permet :
- de conserver un historique détaillé de toutes les transactions entre les différents utilisateurs du réseau sans que celui-ci puisse être modifié ou altéré,
- de fonctionner de manière décentralisée, sans l’intervention d’un intermédiaire, grâce à un système de validation des transactions par un réseau d’ordinateurs chargé de sécuriser la blockchain.
D’abord réticent face à l’émergence de cette technologie, le secteur bancaire est aujourd’hui expert dans son utilisation. La blockchain a par exemple le potentiel de révolutionner le système des paiements internationaux en réduisant fortement les délais, les coûts et la sécurité des opérations.
Elle permet également d’envisager la création de nouveaux produits en s’inspirant des solutions de la finance décentralisée. Grâce aux smart contracts (contrats intelligents) déployés sur certaines blockchains, il est d’ores et déjà possible de proposer des services de prêt et d’emprunt de pair à pair ou de proposer des services de financement participatif extrêmement sécurisés.
En 2023, de nombreux acteurs financiers (BlackRock, Fidelity, Société Générale, etc.) cherchent à diversifier leurs offres dans la conservation d’actifs numériques ou le développement de solutions basées sur la blockchain et cette tendance devrait s’amplifier dans les prochaines années.
Une réglementation plus forte du secteur est nécessaire pour porter le déploiement de ces nouvelles solutions
Le développement de ce marché reste cependant conditionné à une plus forte réglementation du secteur. Depuis 2022, de nombreux scandales ont touché des acteurs majeurs de l’écosystème avec notamment les faillites successives de Celsius, Three Arrows Capital, etc. et la fraude de la plateforme d’échanges FTX.
Un premier texte européen a vu le jour en 2022 avec l’adoption du règlement MiCA (« Markets in Crypto-Assets »). La classification de ces nouveaux actifs financiers reste cependant floue et expose les acteurs de ce marché à un fort risque juridique. Aux États-Unis, le gendarme de la bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC), a poursuivi plusieurs grands groupes pour leurs activités dans ce secteur.
La finance responsable impose ses normes
Les contraintes climatiques et environnementales exercent une pression significative sur les banques. L’objectif pour elles est double : sortir progressivement du financement d’activités néfastes pour l’environnement et maîtriser les risques financiers engendrés par le changement climatique.
Les enjeux climatiques et environnementaux contraignent les banques à faire évoluer leurs business models
Le secteur bancaire représente un acteur incontournable pour mener à bien la transition écologique. Les réglementations sont aujourd’hui de plus en plus fortes pour orienter les financements des banques vers des activités durables et limiter le financement des industries polluantes.
On peut notamment citer les travaux du Groupe de travail sur la publication d'informations financières relatives au climat (TCFD) qui a été institué par le Comité de stabilité financière du G20. Ces travaux ont débouché sur la publication de recommandations pour renforcer la communication d'informations financières relatives au climat par les entreprises et de nombreuses banques.
Cette transparence accrue permet non seulement de savoir quels sont les acteurs qui contribuent le plus au financement d’activités polluantes mais également d’évaluer les risques que font peser ces activités de financement sur la santé des banques. Cette pression accrue de la part des investisseurs, de la société civile et de leurs clients contraint les institutions financières à innover pour adopter des business models et des pratiques commerciales plus vertueuses. De nombreuses banques ont annoncé des objectifs de "décarbonisation" de leurs portefeuilles à l’horizon 2050 dans le cadre de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), une initiative soutenue par les Nations Unies afin de parvenir aux objectifs de l’Accord de Paris.
Le développement de nouveaux produits de finance responsable se poursuit
Dans ce contexte, la finance responsable connaît un essor sans précédent. Selon une étude publiée par le cabinet PwC en 2022, les produits financiers labellisés ESG (Environnement, Social, Gouvernance) devraient représenter 9 000 milliards d’euros sur le marché européen d’ici 2025 soit environ la moitié du total des actifs sous gestion en Europe. De plus, toujours selon l’enquête menée par PwC, près des trois quarts des gestionnaires d’actifs prévoient de ne plus investir dans des actifs qui ne seraient pas labellisés ESG dans les années à venir.
Des réflexions sont également à l’œuvre pour développer le crédit aux particuliers afin de financer la rénovation énergétique des bâtiments, qui représente un objectif prioritaire pour parvenir à "décarboner" l’économie française.
Les fintechs catalysent l’innovation dans le secteur financier
Une fintech est une entreprise qui utilise des technologies numériques pour proposer des services financiers innovants en améliorant l'expérience client et en réduisant les coûts. L’innovation dans le secteur bancaire a largement été portée par le développement de ces nouveaux acteurs et cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir avec leur rapprochement avec les acteurs traditionnels du secteur.
Les fintechs restent à la pointe de l’innovation
Le secteur des fintechs a connu un essor massif au cours des dernières années, comme en atteste l’augmentation impressionnante des levées de fonds entre 2018 (318 millions d’euros) et 2022 (2,9 milliards d’euros). L’émergence de ces nouveaux acteurs a conduit à révolutionner de nombreux segments du secteur financier, notamment les prêts en ligne, les services de paiement, le financement participatif, la gestion d’actif, l’assurance, etc.
Les fintechs ont su séduire les jeunes générations grâce à une approche renouvelée de la relation client qui propose des offres personnalisées, une expérience utilisateur plus fluide et des offres à moindre coût.
Elles devraient poursuivre leur expansion en 2023 en tirant parti des avancées technologiques constantes dans le domaine de l’intelligence artificielle, de la blockchain ou du big data. Cependant, elles feront face à un accès aux financements plus difficile en raison du contexte économique et de la hausse des taux d’intérêt, ce qui pourrait contrarier certains projets d’investissement.
Les stratégies partenariales avec des grands groupes s’intensifient
Une étude publiée en avril 2023 par la société Finastra en collaboration avec East & Partners révèle qu’environ les trois quarts des banques prévoient de conclure des partenariats avec des fintechs, avec une moyenne de trois projets de rapprochement au cours des 18 prochains mois.
La dégradation de la situation économique et la concurrence de plus en plus forte dans l’industrie des fintechs pourrait se traduire en 2023 par une accélération de ce mouvement de rapprochement entre ces nouveaux acteurs et les entreprises traditionnelles du secteur. Pour les banques, ces partenariats permettront d’intégrer des produits et services innovants à leur offre et, pour les fintechs, de gagner en visibilité et de déployer leurs solutions à plus grande échelle.
La cybersécurité s’impose comme un enjeu majeur du secteur financier
Avec la numérisation croissante des services financiers, la cybersécurité devient un enjeu de taille pour les institutions financières. Il s’agit pour elles de répondre aux attentes des clients en matière de confidentialité et de sécurité des données et de relever le défi technologique de la sécurisation de leurs infrastructures numériques pour être capable de faire face aux menaces de cyberattaque.
L’enjeu de la gestion et de la protection des données
Dans le contexte actuel, les institutions financières sont confrontées à une avalanche de données sensibles, qu’il s’agisse des informations personnelles de leurs clients ou de leurs informations financières. La gestion efficace de ces données est devenue cruciale du fait de la numérisation croissante des usages mais également du recours plus important au télétravail depuis la crise sanitaire.
Les enjeux de la cybersécurité résident donc à la fois dans la protection des données stockées sur les serveurs, la sécurisation des canaux de communication ainsi que le contrôle des accès aux informations sensibles. Cette problématique est particulièrement forte sur le marché du crédit car il s’agit de protéger les données des emprunteurs.
Selon la Banque de France, le risque cyber est un des principaux risques auquel le secteur bancaire sera confronté dans les prochaines années. L’enjeu est de taille car au-delà des risques de divulgation d’informations confidentielles, une attaque de grande ampleur contre des banques pourrait avoir un impact systémique sur l’ensemble du secteur et constituer une menace sur la stabilité financière.
La protection d’un secteur sensible face à des cyberattaques en augmentation constante
Le secteur financier est une cible de choix en raison des conséquences potentiellement dévastatrices que peuvent engendrer des cyberattaques. Le déclenchement de la guerre en Ukraine s’est traduit par une augmentation sensible du nombre de cyberattaques et l’Europe est en première ligne avec une progression de près de 20% des cyberattaques en moins d’un an.
Dans ce contexte, les banques continuent à investir massivement dans des systèmes de défense.
Le secteur bancaire est même celui qui investit le plus dans la cybersécurité chaque année, que ce soit pour mettre en place des dispositifs sophistiqués de cryptage, d'authentification ou de surveillance des systèmes pour dissuader les cybercriminels. Elles cherchent également à exploiter les possibilités offertes par des technologies de pointe, telles que l'intelligence artificielle, pour détecter et contrer les menaces en temps réel.
Les tendances de l'innovation bancaire : En bref
L’innovation continuera à être un des fers de lance du développement du secteur bancaire en 2023. Dans un contexte marqué par une dégradation de la situation économique, la forte remontée des taux d’intérêt et le maintien d’une inflation élevée, les banques devront plus que jamais faire preuve de créativité pour répondre aux besoins de leurs clients et se démarquer de la concurrence.
Elles devront pour cela tirer parti des évolutions technologiques qui participent à transformer le secteur, qu’il s’agisse de l’intelligence artificielle ou de la blockchain, et nouer des partenariats avec les acteurs émergents du secteur que sont les fintechs.
L’enjeu réside également dans l’adaptation aux grands défis sociétaux. Les banques devront poursuivre leurs efforts pour tenir leurs objectifs de "décarbonation" de leur portefeuille de crédits et répondre à la demande du public pour des produits d’investissement plus responsables.
Elles devront enfin être capable de relever le défi de la cybersécurité pour protéger leur activité et les données de leurs clients face à des risques et des menaces en constante augmentation.
Principales références :
- Banque de France, Évaluation des risques du système financier français, décembre 2022.
- Deloitte, Banking Trends 2023, mai 2023.
- Conseil de l’Union européenne, Règlement MICA, mai 2013.