Baisse des taux d’intérêt : de nouvelles perspectives pour le crédit en 2025
Le cycle de baisse des taux d’intérêt entamé depuis quelques mois par les principales banques centrales ouvre de belles perspectives pour le marché du crédit en 2025. La réduction de l’inflation a en effet conduit la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne à assouplir leur politique monétaire afin de stimuler l’économie.
Ces décisions ont eu des répercussions directes sur le marché du crédit en France : les taux d’emprunt ont déjà baissé de manière significative depuis le début de l’année et les banques sont plus enclines à proposer des prêts à leurs clients. En conséquence, la demande de crédit a fortement rebondi, portée par des ménages cherchant à financer des projets personnels à moindre coût.
Un contexte économique favorable pour les emprunteurs
Depuis le début de l’année, le climat économique mondial s’est peu à peu éclairci, grâce notamment aux décisions des banques centrales. En France, cette tendance s’est traduite par une amélioration tangible des conditions de financement pour les ménages.
Le recul de l’inflation se confirme
Le spectre de l’inflation s’éloigne chaque jour un peu plus. L’indice des prix à la consommation, le principal indicateur scruté par les banques centrales, est redescendu pour la première fois sous la barre symbolique des 2% en zone euro. Eurostat, le service statistique de la Commission européenne, a annoncé qu’après avoir atteint 2,6% en juillet, puis 2,2% en août, l’inflation en zone euro s’était établie à 1,8% sur un an en septembre[1]. Il s’agit du niveau le plus bas depuis juin 2021, et surtout d’un chiffre inférieur à l’objectif à long terme fixé par la Banque centrale européenne (BCE). La tendance est la même aux États-Unis avec un nouveau ralentissement de l’inflation à 2,5% au mois d’août.
Dans ce contexte, les principales banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la BCE, ont choisi d’opter pour un assouplissement de leur politique monétaire après plusieurs années d’augmentation rapide de leurs taux directeurs. Au mois d’octobre, la Fed a abaissé son principal taux de 0,5 point à 4,75% tandis que la BCE a opéré deux baisses depuis le mois de juin pour le ramener à 3,5%. Selon les prévisions, ces politiques accommodantes devraient se poursuivre dans les mois à venir si le ralentissement de l’inflation se confirme.
Demande de crédit, taux d’intérêt : les voyants repassent au vert
Cette stratégie vise à relancer la consommation et l’investissement pour stimuler l’activité économique, car la lutte contre l’inflation s’est malheureusement faite au prix d’un tassement de la croissance.
La baisse des taux directeurs a en effet un impact direct sur le coût des crédits. Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, au mois d’août, le taux moyen appliqué aux prêts immobiliers est revenu à 3,61%, après avoir connu un pic à 4,21% en novembre dernier[2]. Cette amélioration des conditions de financement s’est traduite par un retour de la demande : selon une récente publication de l’Insee, les intentions d’achat de logement ont retrouvé leur niveau du début de 2022, une période marquée par des conditions de crédit exceptionnellement favorables.
Le marché du crédit immobilier semble donc se redresser, avec une production de crédits qui a bondi de 23,1% au mois d’août en glissement annuel. Ce redémarrage n’a certes pas encore compensé les pertes importantes subies lors de la crise, mais il devrait se poursuivre, à moins qu’un choc extérieur imprévisible ne vienne perturber le marché.
Siège de la Banque Centrale Européenne (BCE), Allemagne 2025.
Les tendances du crédit à la consommation en France
Du côté du marché du crédit à la consommation, la reprise est plus lente à se dessiner mais les signes d’un retour de l’activité sont de plus en plus nombreux. Surtout, le marché est resté solide en dépit du contexte d’incertitudes économiques et politiques de ces dernières années.
Le crédit à la consommation résiste malgré un contexte difficile
Après une année 2023 particulièrement difficile, la tendance sur le marché du crédit à la consommation semble en effet être en train de s’inverser. La production de crédits à la consommation s’est stabilisée au deuxième trimestre 2024 selon les chiffres publiés par l’Association française des sociétés financières (ASF)[3]. Cette tendance est confirmée par la Banque de France, qui estime que l’encours total des crédits à la consommation a progressé de 2,5% sur un an au mois d’août, pour s’établir à 209 milliards d’euros[4].
Par ailleurs, malgré le contexte économique difficile et les incertitudes liées à la situation politique, le prêt à la consommation reste un instrument de financement plébiscité par les Français. Selon une enquête récente menée par Cofidis, 40% d’entre eux ont un “crédit conso” en cours, pour un montant d’emprunt qui dépasse les 15 000 euros[5].
Le crédit à la consommation est principalement utilisé pour des achats importants, comme l’acquisition d’un véhicule qui arrive en tête des motivations des emprunteurs (36%), suivie de près par les travaux de rénovation (25%). Les dépenses imprévues représentent pour leur part 16% des demandes de crédit à la consommation. Que ce soit pour financer un projet ou gérer des imprévus, le crédit à la consommation s’est donc imposé comme une solution pratique et flexible pour répondre aux besoins de financement des français.
Un marché en pleine mutation
Le paysage du crédit à la consommation en France est en pleine mutation et des solutions comme les facilités de paiement ou la location avec option d’achat (LOA) séduisent de plus en plus. En effet, dans le secteur automobile, la LOA représente 91% des financements pour les voitures neuves et 35% pour les voitures d’occasion selon l’ASF. Cette évolution répond à un besoin croissant de flexibilité chez les consommateurs, qui préfèrent aujourd’hui des solutions de financement plus souples et moins engageantes. La demande pour ces nouveaux modes de crédit est également soutenue par l’essor des facilités de paiement, très prisées dans les secteurs comme les biens d’équipement ou les services.
Du côté des prêts plus classiques, comme les prêts personnels ou les prêts affectés, le contexte économique difficile de ces dernières années s’est traduit par une baisse notable des octrois. La tendance semble cependant se stabiliser en 2024 en lien avec la stabilisation de la situation économique. Le marché du crédit à la consommation a également bénéficié d’innovations notables qui ont contribué à dynamiser la demande. La personnalisation des offres de crédit est désormais au cœur des stratégies des établissements financiers. Grâce à l’analyse des données et à l’intelligence artificielle, les banques et les organismes de crédit sont capables de proposer des offres sur-mesure, plus adaptées aux profils des emprunteurs.
Plus globalement, la digitalisation continue de transformer le marché. La majorité des demandes de crédit sont aujourd’hui réalisées en ligne, avec des délais d’approbation de plus en plus courts. Le développement de plateformes 100% digitales a permis une fluidification des processus et ont rendu l’obtention d’un crédit plus rapide et plus accessible pour les ménages.
CHIFFRE CLÉ Encours brut des crédits à la consommation en France : 40% des Français détiennent un crédit à la consommation Le montant moyen emprunté s’élève à 15 526 euros |
Taux : quelles perspectives pour 2025 ?
Avec la baisse des taux, les perspectives pour le marché du crédit en 2025 sont prometteuses.
La poursuite de la baisse des taux est en vue
L’année 2025 pourrait voir la tendance baissière des taux d’intérêt s’amplifier. C’est en tout cas le scénario privilégié par la plupart des observateurs qui tablent sur une poursuite du mouvement de baisse des taux engagé ces derniers mois par les principales banques centrales.
Dans sa dernière enquête sur la distribution du crédit bancaire, la BCE indique que le niveau élevé des taux d’intérêt constitue encore un frein pour les emprunteurs en 2024, mais elle relève également que les banques européennes anticipent une hausse de la demande de crédit à la consommation en 2025 dans un contexte de la poursuite de la baisse des taux[6].
Certes, la situation reste marquée par certaines incertitudes. Les tensions géopolitiques, notamment en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, ainsi que la volatilité des marchés financiers pourraient inciter la BCE à revoir sa politique. Si ces facteurs venaient à persister ou à s’aggraver, cela pourrait freiner l’élan actuel et pousser les banques centrales à ajuster leur stratégie.
Toutefois, tant que l’inflation demeure sous contrôle – un objectif prioritaire de la BCE –, les taux devraient rester faibles, ce qui offrirait aux emprunteurs des conditions avantageuses pour le financement de leurs projets.
Un retour à la stabilité économique
Après plusieurs années de turbulences économiques, la situation en France commence à montrer des signes de stabilisation en 2024 qui devraient se poursuivre en 2025. L’amélioration des perspectives économiques repose en grande partie sur la réduction progressive de l’inflation, qui permet de redonner du pouvoir d’achat aux ménages. De plus, le marché de l’emploi confirme son amélioration, avec une stabilisation du taux de chômage après une baisse continue depuis 2023, selon l’Insee. Ce climat plus favorable devrait encourager un regain d’intérêt pour le crédit à la consommation, notamment pour des achats différés ou des besoins ponctuels de financement.
Un marché porteur pour les emprunteurs
Les établissements financiers affichent aujourd’hui des capacités de prêt considérables, soutenues par une politique monétaire favorable et une gestion de leur bilan prudente. Après plusieurs années de réajustements prudentiels, les banques disposent désormais de marges de manœuvre significatives pour répondre à la demande de crédit à la consommation.
Ce contexte offre de nouvelles opportunités pour les emprunteurs, d’autant que la concurrence accrue entre les établissements bancaires pourrait aboutir à des conditions de financement particulièrement avantageuses. Les offres promotionnelles, comme la réduction des frais de dossier ou les taux personnalisés, sont devenues des outils courants pour attirer une clientèle désireuse de bénéficier de conditions plus souples et d’un coût de crédit réduit.
Par ailleurs, l’assouplissement des conditions d’octroi de crédit, observé dans certains segments, permet d’élargir l’accès au crédit à une frange plus large de la population, y compris les ménages auparavant exclus en raison de critères de solvabilité plus stricts. Ces ajustements, en parallèle des taux d’intérêt attractifs, devraient renforcer l’accès au crédit et encourager les ménages à envisager des projets à plus long terme.
Perspectives sur les taux d’intérêt en 2025 : En bref
L’année 2025 s’annonce sous de bons auspices pour le marché du crédit, porté par la baisse des taux d’intérêt et l’amélioration progressive de la situation économique. Les banques et les organismes de crédit, qui disposent de capacités de prêt plus importantes, pourraient adopter des stratégies plus compétitives et assouplir leurs critères d’octroi. Dans ce contexte, les emprunteurs devraient bénéficier de conditions de financement particulièrement avantageuses.
Pour les ménages, cette conjoncture est une opportunité pour financer des projets à des coûts réduits, que ce soit dans l’immobilier, les investissements personnels, ou le crédit à la consommation.
Cependant, les incertitudes liées à la situation géopolitique ou à une dégradation de la conjoncture économique ne doivent pas être sous-estimées. Un retournement de situation pourrait contraindre les banques centrales à ajuster leur politique monétaire. Néanmoins, tant que l’inflation demeure sous contrôle, la baisse des taux devrait se poursuivre et garantir des perspectives favorables pour l’année à venir. L’année 2025 pourrait ainsi marquer un tournant décisif dans la relance du marché du crédit en France.
Principales références
[1] Eurostat, 2024, « Le taux d’inflation annuel de la zone euro en baisse à 1,8% ».
[2] L’Observatoire Crédit Logement/CSA, 2024, « La baisse des taux ralentit mais va reprendre en septembre ».
[3] Association française des sociétés financières, 2024, « L’activité des établissements spécialisés – Tableau de bord premier semestre 2024 ».
[4] Banque de France, 2024, « >Crédits aux particuliers ».
[5] Cofidis, 2024, « L’état du crédit à la consommation en France et de ses détenteurs ».
[6] Banque centrale européenne, 2024, Enquête sur la distribution du crédit bancaire – 3e trimestre 2024.